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un polyptyque pour un centenaire < Marie-Paule Défossez
 
hommage à Vincent Van Gogh pour le centenaire de sa disparition
 
Repères et éléments biographiques - extraits iconographiques

 

 

 

 

 

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1990 - Auvers sur Oise
 
Van Gogh
 
 
Marie Paule Défossez
 
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Le «Polyptyque» de Nicolas Blin

est entré dans l'histoire du Val-d'Oise

Expressifs et synthétiques, les tableaux, par dizaines et réunis par thèmes, nous familiarisent vite avec les diverses facettes d'un art raffiné et sensible, éminemment poétique, ayant intégré les meilleures leçons de la figuration et de l'abstraction. Nicolas Blin a refusé de choisir entre elles. Il les aime ensemble ou se confrontant l'une à l'autre.

Construite autour de sa dernière série de portraits rassemblés sous le titre Désillusion(s), l'exposition, présentée par l'artiste engagé dans la vie municipale de Pontoise, se poursuit à l'étage de l'ancien bâtiment rural situé au cœur de ce qui fut le quartier de Camille Pissarro. Avec pour voisin le motif signalé des fameux Toits rouges. Nous voici entraînés jusqu'au véritable atelier de travail du peintre, son antre débordant d'un chaleureux fouillis, finalement très ordonné, aux trésors en forme de pots et boîtes en métal renfermant des pigments aux couleurs splendides. Les glacés veloutés des tableaux de Nicolas Blin y puisent une part de leurs secrets dans le respect des techniques anciennes apprises au temps où il était l'élève d'Albert Zavaro, l'un des chefs d'ateliers de l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris.

Pour nous accueillir, un ancien hangar affectueusement dénommé «salle du polyptyque» par les enfants du peintre. Sur le mur de droite, les neuf parties pivotantes d'un immense tableau de près de trois mètres de haut. Un Polyptyque du Centenaire que j'avais admiré il y a dix ans, magnifiquement mis en valeur, au centre du chœur de l'église d'Auvers illuminée et inondée de musique. Son éclat bleu m'avait profondément émue.

Il faut aller le voir ou le revoir. Ame de la maison du peintre, le Polyptyque du Centenaire fait aujourd'hui partie du plus beau patrimoine valdoisien. Est-ce parce que nous avons changé de millénaire que j'ose ainsi l'affirmer ? L'histoire, de toutes façons, mérite d'être contée.

Deux Pontoisiens, Nicolas Blin, le peintre et Pascal Escande, le directeur du Festival d'Auvers réussirent ensemble un coup de maître en cette année 1990, centenaire de la mort de Vincent van Gogh.

Représenté chacun sur son panneau, Rostropovitch et Julia Migenes, deux des vedettes accueillies au Festival, avaient été touchés par le polyptyque et par l'intention de l'artiste. N'étaient-ils pas ainsi associés à l'un des plus purs chefs-d'œuvre de l'art occidental, L'Eglise d'Auvers, peinte par Vincent van Gogh un soir de juin 1890 ?

Lié au célèbre village par quelques-uns de ses plus beaux souvenirs d'enfant, ses journées silencieusement passées dans l'atelier de son oncle, le peintre Jean Bouvot à qui il devait sa vocation, Nicolas Blin avait jeté plus que son talent, son âme entière, dans son hommage à la fois unique et multiple.

Le peintre n'a pas cherché à masquer l'architecture d'une œuvre connue entre toutes et le bleu de Vincent, ce bleu de nuit provençale, inonde sa toile. Simplement, à la manière d'un enfant émerveillé par l'aventure à laquelle il était convié, il est entré à l'intérieur de l'église, racontant avec ses pinceaux le rayonnement qui, désormais, émane d'elle. A cause de sa signification de toujours, à cause de l'artiste hollandais et de son tableau, à cause de ceux qui, vivant un siècle plus tard, en démultiplient l'émotion.

Heureux hasard ? Depuis trente ans qu'il peint, Nicolas Blin cherche avec passion à évoquer l'épaisseur du temps et son action à travers l'espace de ses tableaux. Il faut sans doute s'être arrêté longtemps devant l'un de ses Récits de 1984, quelques-uns des dytiques de ses Prises de calme, composés à partir de 1992 sur d'ardents et elliptiques poèmes d'Antoine Emaz, pour comprendre de l'intérieur ce que son Polyptyque pour un Centenaire a représenté pour son auteur. Une extraordinaire possibilité de contracter le temps, de le dépasser, de dévoiler la force de l'art pictural, de créer une œuvre libre, musicale, dansante, extrêmement personnelle sous couvert d'hommage, de reflet et de variation. Sans risque donc d'être taxé de mégalomanie, sans rien perdre de cette maîtrise de soi, de cette douceur un peu distante, de cette réserve élégante dans le rapport aux autres et dans l'expression artistique qui le caractérisent.

Pourquoi une œuvre de cette qualité, Si juste dans sa conception et dans sa réalisation, si facile d'accès, à la fois si intériorisée et si rayonnante, n'a-t-elle pu, en 1990 et jusqu'ici, trouver son acquéreur ? Témoin de la double histoire d'Auvers et de son festival, elle a été pensée pour un grand espace public et pourrait être la fierté de l'entreprise ou de l'institution qui la montrerait. Qu'avons-nous à nous étonner que les tableaux de Vincent van Gogh n'aient pas trouvé d'amateurs de son vivant ? L'histoire des relations entre les artistes et leurs acheteurs a bien peu changé depuis cent ans. Mais, n'est-ce pas, voici que nous entrons dans un nouveau millénaire...

 

Marie-Paule Défossez

VIVRE EN VAL-D'OISE - N°63 - septembre 2000

 
 
 
 

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