Nicolas Blin

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Repères et éléments biographiques - extraits iconographiques

Antoine Emaz - Calme cinq fois - Le printemps des poètes - Cahors

les diptyques (suite) huile sur bois

textes Antoine Emaz - Nicole Détourbe

 

 

En mars 2018, pour le printemps des poètes, Calligramme, librairie - galerie à Cahors, animée par Nicole Détourbe, présente des livres de poésie, des livres d'artistes, une exposition :

Calme cinq fois

diptyques du peintre Nicolas Blin sur les mots du poète Antoine Emaz

 

Cinq prises de calme - diptyque 40 - 1993

une nuit à peine agitée de figures
d'autres lieux
d'autres livres

Soirée lecture - Notamment Calme cinq fois, Fuie et le poème inédit Pays (publication : mars 2018 - ima[in]e éditions). Nicolas Blin commentera ses réalisations entreprises avec Antoine Emaz.

Librairie Calligramme 75, rue Joffre 46000 Cahors

 

Cinq prises de calme - diptyque 44 - 2018 - - (Fonds Antoine Emaz - Ville d'Angers)

 

 

« S’incorporer à l’énergie vitale de la durée, tel est me semble-t-il, le pari fraternellement désespéré. »

Yves Charnet, Lettre à Antoine Emaz

Prises de calme

En ce pari, tel que le désigne avec justesse Yves Charnet, le peintre Nicolas Blin et le poète Antoine Emaz se sont rejoints, et s’inscrivent à leur tour dans une tradition de rencontre entre poésie et peinture.

Les livres nés de cette collaboration satisfont chez le peintre une pente littéraire et théâtrale, tandis qu’ils offrent aux mots du poète un nouvel espace.

A côté des livres comme Fuie ou Pays, il y a cette série particulière de diptyques sur bois – Prises de calmecommencée en 1993 et relancée récemment. On reste dans la symbolique du livre : deux panneaux articulés de hauteur constante, provenant du même morceau de bois et se présentant dans le même fil, celui de gauche plus large que celui de droite simulant peut-être les pages que l’on tourne.

On entre ainsi dans une narration, narration non pas d’une action mais d’un moment de vie, d’une émotion, qui va à la rencontre de ce que porte le poème.

Nicolas Blin pose dans ses « paysages » des personnages énigmatiques, peu individualisés, qui ne nous regardent pas, mais nous présentent dans un mode impersonnel la même image de l’altérité que chez Emaz. Tout un chacun peut y reconnaître la tension d’une traversée, celle du corps comme « une chose qui bat parmi d’autres qui tremblent » et qui, à ce prix, porte vers le « Calme ».

Nicole Détourbe

 

prises de calme - Calligramme - Cahors

 

DES SIGNES SUR DU PAPIER

La poésie est partout et nulle part : elle paraît marginale, peu lue, mais on qualifie très souvent de « poétique » un film, un spectacle de danse, une mise en scène de théâtre, une musique… un peu comme si la poésie était douée d’une élasticité qui la rendait capable d’innerver les autres arts. Mais son rapport à la peinture est particulier, peut-être parce qu’il s’agit dans les deux cas, somme toute, de signes tracés sur une surface. Certains poètes peuvent être peintres (Hugo, Michaux, Titus-Carmel…) , mais le plus souvent la relation peintre/poète passe par le livre comme lieu commun du poème et du travail plastique. On pense aux œuvres des poètes et peintres surréalistes, à Reverdy et Picasso, Braque, Juan Gris…, à André du Bouchet et Giacommetti, Bram van Velde, Tal-Coat…, Dupin et Miro, Tapiès… Bonnefoy et Alechinsky, Hollan… Notre époque ne fait que poursuivre cette tradition de compagnonnage, de rencontre entre le langage des mots et celui des lignes et des couleurs. Les éditeurs attachés à ce dialogue entre poètes et peintres sont assez nombreux, mais pas forcément connus : Fata Morgana, Unes, AEncrages, Centrifuges, Faï fioc, Atelier des Grames, Tarabuste, Méridianes, Pasnic, L’Atelier Contemporain… Plus fréquemment encore, le peintre (plus rarement le poète) crée une collection de livres en parallèle à son travail plastique : La Canopée, A travers, FMA, Anne Slacik, Le livre pauvre, La petite fabrique … Avec Imag(in)e, Nicolas Blin se place dans cette mouvance, ou milieu, biotope ; c’est un petit monde, mais extrêmement divers et vivant. Pour ma part, j’ai toujours aimé travailler dans ces parages, sans doute par frustration de n’être pas peintre, mais aussi pour la liberté étonnante que cela permet vis-à-vis du livre. Les mots bougent peu, mais l’artiste renouvelle à chaque fois l’espace dans lequel ils parlent, résonnent, et c’est toujours une surprise, très souvent une joie : ainsi pour Fuie, ou pour Pays.

Il y a sans doute chez Nicolas Blin une pente littéraire ; il se définit lui-même comme un « plasticien narrateur ». Autrement dit sa peinture vise aussi une histoire, ou s’articule à un récit, ou construit une « narration ». Je me souviens, il y a longtemps, d’une série de toiles à partir de l’univers ou imaginaire romanesque d’Henri Bosco. D’une autre façon, dans mes poèmes, il y a une part narrative, même minimale, très loin d’une intrigue au sens du roman ; si bref soit-il, le poème a une durée, il dit un moment de vie, il déplie le temps d’une émotion, et non d’une action, si l’on veut marquer la différence avec le temps romanesque. Le séquençage du poème par les blancs sur la page ou la numérotation pour les parties indiquent cette durée interne, ce trajet intérieur d’un point à un autre, d’un état initial à un état final, même lorsque le poème peut sembler avancer par boucles, reprises, vagues successives. Les panneaux réalisés par Nicolas Blin pour Prises de calme peuvent apparaître alors comme des images proches de celles d’un film qui serait constitué d’arrêts, de pauses, et c’est le regard du spectateur qui reconstituerait le mouvement, le continu d’une durée.

De la même façon, pour Fuie et Pays, le peintre parle bien de « mise en image », de « poème graphique », à propos de son travail ; autrement dit, le texte reste support mais pour une création plastique autonome, qui vaut en soi ; il ne s’agit pas d’illustrer au sens de calquer, représenter, reproduire visuellement l’écrit, mais de produire une « image » qui, dans sa propre grammaire plastique va à la rencontre de ce que porte le poème. Car celui-ci n’impose pas un sens, il traduit plutôt une expérience et une interrogation : pour Fuie, sur l’absence et la perte, pour Pays, sur l’espace, le paysage.

Au bout le livre, image et texte, fixe le trajet d’un moment de vie qui est aussi une question sans réponse, peut-être parce qu’il n’y en a pas.

Antoine Emaz

février 2018

 

catalogue complet des 72 diptyques pdf

 

Cinq prises de calme - diptyque 49 - 2018 - (Fonds Antoine Emaz - Ville d'Angers)

 

 

prises de calme - Calligramme - Cahors

 

 

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